Trop de jeunes
Voilà un rapport de cause à effet que je n'avais jamais fait, et il peut paraître étonnant. Et pourtant, il s'appuie sur des faits solides ! La semaine dernière, j'ai en effet assisté à un séminaire absolument captivant à Reykjavik. Un intervenant y expliquait que le problème du terrorisme était avant tout un simple problème de transition démographique. La transition démographique pouvait effectivement être utilisée pour expliquer le manque de stabilité récurrent dans certaines provinces, et l'implantation du terrorisme. La logique dont il faisait preuve était implacable : une population dotée d'une croissance rapide entraîne de fait une hausse extrêmement rapide de la proportion de jeunes dans la société. Et cet excédent de jeunes - et notamment de garçons - génère souvent des dégâts importants. Plus il y a de jeunes, plus les chances de décrocher un travail pour eux se réduisent. A vrai dire, il y a encore trente ans, ils n'auraient pas dépassé l'âge de cinq ans. Mais grâce à la baisse du taux de mortalité infantile, ils grandissent et deviennent de jeunes adultes, ce qui entraîne une flambée du chômage. Ainsi, dans les pays en développement actuels, le taux de chômage est généralement cinq fois supérieur chez les jeunes que chez l’ensemble de la population. Il suffit alors d'une étincelle dans ce paysage sans perspective (par exemple, une idéologie radicale) pour que des jeunes en quête d'avenir adoptent la voie de la violence. Les études soulignent ainsi qu'un excédent de jeunes en âge de combattre accroît d'autant le risque de terrorisme ! J'ai été passionné par ce débat, parce qu'il mettait à mal l'idée selon laquelle certaines régions du monde seraient naturellement plus violentes que d'autres. L'Europe a elle aussi connu les affres d'une transition démographique. Où que cela se passe, le bilan est donc toujours identique: un fort taux de jeunes est cause d'insécurité et finit par aboutir à l'enrayement de la démocratie. Pour finir, j'aimerais mettre en lien l'agence qui s'est occupée de mettre en place ce séminaire en Islande. J'en fais si régulièrement que je suis en général assez désabusé, mais j'ai été agréablement surpris par l'organisation, particulièrement soignée.
Trop belle
L'actrice chinoise Yeung Wing a été obligée de subir des expertises médicales afin de prouver le caractère naturel de sa beauté. La clinique de chirurgie esthétique Ruili, à Pékin, a déclaré avoir procédé, sur demande de la jeune star du cinéma chinois, à une série d'interventions chirurgicales afin d'améliorer les traits de son visage. Cependant, la belle, connue plus couramment sous le surnom d'Angelababy, s'est indignée et s'est empressée de démentir les accusations. Angelababy a nié avoir jamais recouru aux opérations plastiques. Pour cela, elle a engagé des experts indépendants qui ont passé son joli visage aux rayons X. Le résultat de l'examen médical a prouvé que la beauté de l'actrice chinoise était bel et bien innée. Il s'est avéré par la suite que Yeung Wing devait son visage de porcelaine à son ascendant sino-germanique: son grand-père était d'origine allemande. Néanmoins, Angelababy n'est pas restée les bras croisés et a traîné la clinique devant les tribunaux pour diffamation, réclamant 79.000 dollars d'indemnisation. Le mari d'Yeung Wing a, à son tour, avoué que son épouse, comme toute femme, était de temps en temps "véritablement moche".
En mouvement
La direction possible des mouvements de translation par une force supérieure est, comme on sait, l'hypothèse cartésienne, que Leibnitz a réfutée et qu'a reprise Cournot. Cette thèse peut donner lieu à deux sortes d'objections, les unes tirées de ses conséquences, les autres tirées de ses principes. On connaît d'abord l'objection per absurdum proposée par Leibnitz. «Qui nous empêcherait, demandait-il à Descartes, de sauter jusqu'à la lune?»—Mais on peut contester cette conclusion de Leibnitz sur le pouvoir que nous conférerait le clinamen, et dire que ce pouvoir n'est pas nécessairement indéfini. On pourrait imaginer un certain quantum d'énergie à la disposition des êtres libres; on serait incapable, il est vrai, d'expliquer pourquoi une énergie toute spirituelle et soustraite aux lois de la matière a des bornes. Mais, une fois admise, cette énergie directrice des mouvements n'aurait pas un caractère aussi perturbateur que Leibnitz le suppose, car il faut tenir compte de ce que les mouvements se neutralisent à distance. Une direction nouvelle du mouvement pourrait être neutralisée à une certaine distance de son point de départ et ne rien changer ni à la somme totale des forces et des mouvements, ni même peut-être à la direction totale de l'ensemble. Le poisson qui se meut dans la mer à droite ou à gauche n'empêche pas la mer de se soulever et de s'abaisser selon une loi régulière; il y a compensation des petits effets les uns par les autres quand on considère la masse. Il n'est donc pas entièrement démontré que le pouvoir de diriger un mouvement dans des conditions déterminées et dans une sphère déterminée, comme celle de nos organes, nous donne nécessairement le pouvoir de tout faire et de sauter jusqu'à la lune. Notre action transitive, en un mot, pourrait être réelle, tout en étant limitée.—Voilà ce qu'on pourra objecter à Leibnitz.