Au bout du rouleau

7Jan/17Off

Un publicitaire va gouverner le monde

Nous vivons un moment historique. Pas forcément heureux, mais clairement historique. Cette période restera dans les livres d'Histoire. Comme une vaste blague, certes, mais y figurera tout de même en bonne et due place. Mercredi dernier, j'ai d'ailleurs participé à un incentive à Monaco où mes collègues et moi avons évoqué l'incroyable prouesse d'un certain candidat aux Etats-Unis : se faire élire alors qu'il avait toute la classe politique et tous les médias à dos. Cette élection est encore difficile à estimer en termes de conséquences (il faudra sans doute attendre les premiers mois du mandat pour voir dans quelle direction va le vent), mais je crois déjà que ce sera moins pire que prévu. En effet, l'on s'aperçoit déjà aujourd'hui que l'outsider républicain n'est pas aussi ahuri que ce qu'il voulait bien nous faire croire : il a juste fait acte d'un populisme éhonté et n'a pas hésité à enchaîner les sorties belliqueuses à l'encontre de ses adversaires. Depuis, pourtant, il est devenu nettement plus mesuré. Il ne touchera peut-être plus à l'Obamacare (ce qui était pourtant une de ses obsessions durant la campagne), et il reconnaît désormais le dérèglement climatique. Il faudra attendre son investiture pour le savoir, mais cet homme pourrait bien être contre toute attente un président bien moins pire que prévu. Certainement conservateur, mais c'est la même chose en Europe, après tout. En définitive, Trump a peut-être servi de miroir grossissant aux travers des politiques. Après tout, il n'a pas davantage menti qu'un Hollande qui jurait de sanctuariser le budget de la culture ; il n'a pas été plus fielleux que le petit Nicolas en son temps. Il n'a fait qu'agir de la même manière que quand il faisait l'article de sa marque de steak. Ca peut paraître incroyable, mais Mr. Trump est en fait le produit de notre société : un individu ayant associé sans remords la politique et la réclame. Ca n'a même rien de révolutionnaire : ces deux-là se faisaient les yeux doux depuis de nombreuses années ! De toute évidence, il est urgent que nous changions radicalement de cap. Sans quoi, cet incentive à Monaco m'a conquis : les animations étaient assez insolites mais elles étaient tellement bien organisées qu'ont su trouver leur public. Je vous mets en lien l'agence qui l'a mis sur pied, si vous voulez en savoir plus.

4Jan/17Off

Baroso chez Goldman Sachs

Vendre son expertise et son réseau dans le privé après avoir occupé de hautes fonctions publiques européennes? La pratique n'a rien d'illégal, mais elle sème le doute dans une Europe déjà en crise.La rentrée est toujours un moment pénible. Mais, parfois, elle prend des airs de chemin de croix. Ce n'est pas José Manuel Barroso qui dira le contraire. L'ancien président de la Commission européenne, débauché en juillet par la banque d'affaires Goldman Sachs, pensait bien être enfin sorti de la lessiveuse médiatique qui l'avait érigé en symbole absolu du cynisme politique. Las. C'était sans compter sur le fameux fighting spirit irlandais incarné par Emily O'Reilly, la médiatrice européenne. A force de pressions, cette haute fonctionnaire, qui a pour mission d'enquêter sur les cas de "mauvaise administration", a fini par obliger Jean-Claude Juncker à mettre les mains dans le cambouis. A la surprise générale, début septembre, l'actuel patron de la Commission a en effet demandé au comité d'éthique de rouvrir le dossier, afin de s'assurer que le poste de "conseiller Brexit" auprès de la banque américaine de son ex-collègue Barroso "était en conformité avec la législation européenne". Il faut dire que l'ancien Premier ministre portugais a rejoint l'une des banques les plus impliquées dans la terrible crise financière de 2008. Une banque qui a aidé la Grèce à maquiller ses comptes avant de spéculer sur la dette du pays, et qui était la mieux placée pour savoir qu'elle était insoutenable! "A part travailler pour le diable en personne, je ne vois pas très bien comment il aurait pu faire pire", ironise le député européen socialiste Edouard Martin. Au-delà du symbole, terrible en plein Brexit, et alors que les partis populistes tirent déjà à boulets rouges sur l'Europe, cette nomination pose un vrai problème de fond. Avec Barroso, Goldman Sachs s'est offert un excellent connaisseur des arcanes européens, mais aussi un puissant carnet d'adresses. Difficile de croire que, dans son nouveau costume, le Portugais n'essaiera pas de faire jouer son réseau pour favoriser son nouvel employeur. "Si Goldman Sachs l'a embauché, c'est pour s'assurer que les intérêts de la banque ne seront pas lésés par le Brexit, même si cela doit aller à l'encontre de ceux de 500 millions d'Européens", va même jusqu'à accuser Daniel Freund, responsable de la politique européenne pour l'ONG Transparency International. Bien sûr, l'ancien président de la Commission peut toujours arguer qu'il n'est pas le premier haut fonctionnaire à s'engouffrer dans une de ces revolving doors (porte tournante), très empruntées dans la capitale européenne. Une pratique plus connue en France sous le terme de "pantouflage", consistant à quitter la fonction publique pour le secteur privé avec, au passage, un bien meilleur salaire. "Le vrai problème, finalement, c'est que Barroso n'est que l'arbre qui cache la forêt", déplore l'eurodéputé écologiste Yannick Jadot. Le pantouflage en lui-même n'a bien évidemment rien d'illégal. Le problème vient de tous les "ex" qui reviennent hanter les couloirs des institutions européennes, casquette de lobbyiste vissée sur la tête. Un mouvement qui, selon l'ONG Corporate Europe Observatory (CEO), à l'origine d'une étude fouillée sur le sujet, prend de l'ampleur: "Neuf commissaires sur les 27 de la commission Barroso 2 (2010-2014) sont ainsi partis vendre leur expertise et leur réseau dans le privé", souligne Lora Verheecke, chargée de campagne et de recherche pour l'ONG. Bien sûr, il existe des règles pour encadrer les dix-huit premiers mois suivant la fin de l'exercice de leurs fonctions - la cooling-off period, dans le jargon bruxellois. Les nouveaux commissaires doivent valider au cas par cas les embauches de leurs prédécesseurs. Et, lorsqu'ils estiment qu'un conflit d'intérêts est possible, ils transmettent le dossier au comité d'éthique. Sur un total de 98 fonctions passées au crible - soit une moyenne de plus de 10 postes par personne -, 37 ont ainsi fait l'objet d'un examen. Bilan? Aucun carton rouge: tout le monde a pu passer dans le privé! Pourtant, selon l'ONG CEO, neuf transferts n'auraient pas dû être autorisés car ils représentaient des conflits d'intérêts directs. Parmi ceux-là, il y a le cas emblématique de Neelie Kroes, ancienne commissaire européenne à la Concurrence puis à la Société numérique, qui a rejoint le conseil d'administration d'Uber, une entreprise directement liée à son ancien portefeuille. En 2014, elle avait d'ailleurs pris fait et cause pour l'entreprise américaine, après l'interdiction par la justice belge d'UberPop, un service de covoiturage entre particuliers concurrençant les taxis de manière déloyale. "J'ai beaucoup de mal à croire qu'elle n'était pas déjà en train de préparer sa reconversion", glisse un de ses collègues. Difficile aussi de ne pas évoquer le cas de Janez Potocnik. Parmi les nouvelles activités de cet ancien commissaire à l'Environnement, on trouve celle de président du Forum for the Future of Agriculture, un lobby créé par Syngenta, une des plus grandes entreprises mondiales de pesticides...

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4Jan/17Off

Balade roadtrip en Russie

roadtrip

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