Au bout du rouleau

4Jan/18Off

La naissance de l’Etat Islamique

En juin dernier, l’EIIL, l’un des principaux groupes terroristes, se fait appeler désormais "Etat islamique", ou « Daesh » (acronyme en arabe de « Dawlat islamiya fil ‘iraq wa shâm », c’est-à-dire « l’Etat Islamique en Irak et au Levant ». Il désigne son chef Abu Bakr Al-Baghdadi comme "calife" et donc "chef des musulmans partout" dans le monde et plante son drapeau en Syrie. Le 29 du même mois, à l'occasion du mois du ramadan, le nouveau "calife" appelle ses partisans à venger les torts causés aux musulmans à travers le monde. Il lance également un appel à la conversion et au « jihad », demande à tous les musulmans de se rendre dans son "État islamique" : « Vos frères, partout sur Terre, attendent que vous vous portiez à leur secours (…) Par Allah, nous nous vengerons » (…) Il n'y a pas de plus bel effort pendant ce mois sacré du ramadan ou pendant tout autre (mois) que celui de marcher dans les pas de Dieu et du jihad, donc (...) prenez la défense de la religion d'Allah grâce au jihad ». L’existence d’un territoire permet aux mentors de légitimer l’indicible, l’abject, le monstrueux, sur la base d’un discours parfaitement construit, qui répond, toujours par Internet, tel un panonceau de Drive-in, à la liste des « bonnes raisons de faire le jihad », pêle-mêle : la purification du groupe qui possède la vérité, l’élimination des « faux musulmans » pervertis par l’Occident (tous ceux qui ne leur font pas allégeance), l’extermination de tous ceux qui ne sont pas musulmans, l’hégémonie spoliatrice des Occidentaux, le sacrilège apostat des Chiites, l’assistance aux martyrs, le sacrifice comme preuve de sa foi, etc. Ils vont multiplier les vidéos d’exactions en témoignages bouleversants de victimes, de récits de batailles en fantasmagories historico-guerrières, d’iconographies combattantes en sublimation des martyrs. Sur la toile, chacun peut trouver une bonne raison d’apporter son concours à cette « confrontation finale, afin de régénérer ce monde en déclin ». La prise du territoire par Daesh a pour objectif de placer les musulmans dans une démarche transfrontalière, au sein de laquelle leur identité et leur statut ne sont plus liés à une nationalité, un Etat ou une origine, mais à Abu Bakr AlBaghdadi, prétendument « calife ». A leur arrivée, des séances sont organisées pour brûler leurs passeports, afin de bien acter la rupture avec leur ancienne vie. Cette dimension de territorialité, au travers d’un prétendu califat, sur les bases de ce qu’a connu l’histoire médiévale, rappelle la notion d’espace vital cher à Hitler, dans ses théories d’endoctrinement : une nation se définit par un peuple, une histoire et un territoire.

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