Au bout du rouleau

22Août/16Off

Les mercenaires

L'organisation caritative britannique War on Want a publié mercredi un rapport intitulé "Mercenaires déchaînés: nouveau monde des entreprises militaires et de sécurité privées". Ce document fait état du renforcement de la présence de mercenaires dans les zones de conflit en Afrique et au Proche-Orient. Selon le rapport, ce secteur d'activité, dominé par des sociétés britanniques, gagne des milliards de dollars sur les guerres menées à travers le monde depuis l'invasion de l'Irak par les Etats-Unis et leurs alliés.

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22Août/16Off

Condamné puis innocenté

Les États-Unis ont l'an dernier reconnu l'innocence de 149 personnes injustement condamnées, un nombre record qui représente toutefois une «goutte d'eau» dans un océan de dizaines de milliers d'erreurs judiciaires, selon un rapport publié mercredi. Ces 149 déclarations d'innocence concernent des condamnés qui ont été emprisonnés sans raison durant 14 ans et demi en moyenne, a précisé dans son étude l'école de droit de l'université du Michigan. Parmi ces 149 cas, 58 concernent des prisonniers finalement blanchis d'homicide. Depuis 2011, le nombre de condamnés ainsi innocentés a plus que doublé. «Les déclarations d'innocence après révision d'un procès sont désormais courantes. Encore récemment, la moindre disculpation faisait les gros titres des journaux. Désormais il y en a environ trois par semaine et la plupart passent inaperçues», ont commenté les auteurs du rapport. L'étude vient confirmer que, dans le système pénal américain, l'aveu n'est pas la reine des preuves, ni le fait de plaider coupable, puisque de plus en plus de condamnés sont innocentés après avoir pourtant publiquement admis leur responsabilité. Deux tiers de ces 149 condamnés finalement disculpés sont issus de minorités ethniques et la moitié sont noirs, selon le rapport. Un total de 47 personnes ont été innocentées dans des affaires de drogue. Parmi les personnes blanchies en 2015 figure Lewis Fogle, un homme qui a passé 34 ans derrière les barreaux pour le viol et le meurtre d'une adolescente qu'il n'a jamais commis. M. Fogle avait été mis en cause, cinq ans après le crime, par un hypnotiseur amateur qui avait recueilli le témoignage - sous hypnose - d'un prisonnier. Lewis Fogle avait ensuite avoué sous la pression d'un interrogatoire policier. Durant 34 ans, sa femme a défendu son innocence. Les progrès enregistrés en matière de révision judiciaire «ne sont pour l'heure qu'une goutte d'eau dans la mer», a souligné le rapport. «Quelle que soit la façon de compter, il y a des dizaines de milliers d'erreurs judiciaires chaque année dans le pays». La sortie de ce rapport intervient alors que des millions d'Américains se passionnent pour le cas de Steven Avery, un homme qui a été incarcéré 18 ans pour une violente agression sexuelle qu'il n'a pas commise, avant d'être renvoyé derrière les barreaux pour un homicide dont il se dit également innocent. Cette affaire, objet d'une série documentaire intitulée Making a Murderer diffusée sur la plate-forme Netflix, est pour beaucoup l'illustration des failles du système pénal américain souvent accusé de favoriser une «justice de classe». Par ailleurs, selon un hasard du calendrier, ce mercredi a comparu à Baltimore un homme condamné pour le meurtre de son ancienne petite amie en 1999, un crime qui avait inspiré Serial, un podcast au succès mondial. Adnan Syed, 35 ans, a présenté un argumentaire demandant à être rejugé après avoir été condamné en février 2000 à la prison à vie pour le meurtre de son ancienne petite amie Hae Min Lee, une étudiante de 18 ans d'origine sud-coréenne.

22Août/16Off

Violences à Jerusalem

Jérusalem a connu mercredi sa plus grave attaque anti-israélienne depuis des semaines lorsque trois Palestiniens ont tué par balles une policière israélienne et en ont blessé une autre avant d'être abattus. L'attentat commis aux abords populeux de la Vieille ville a immédiatement ravivé les craintes d'escalade provoquées par plus de quatre mois de violences dans les Territoires palestiniens et en Israël, qui ont suscité des évocations de nouvelle intifada. À la différence de la grande majorité des attaques, celle de mercredi implique non pas un Palestinien agissant isolément mais trois hommes d'une vingtaine d'années armés d'un couteau, d'une arme à feu et d'explosifs, selon la police. Les armes saisies sur place «sont la preuve d'une attaque à la planification complexe», a affirmé la porte-parole de la police, Luba Samri. Ce dernier accès de violence s'est produit à l'extérieur de la porte de Damas, l'un des accès historiques à la Vieille ville du côté de Jérusalem-Est, partie palestinienne annexée et occupée par Israël. Ce lieu a été le théâtre de plusieurs attaques et les forces israéliennes y sont nombreuses. Selon le récit de la police, des garde-frontières ont avisé un groupe d'hommes suspects. Au moment où l'un d'eux présentait ses papiers d'identité, les deux autres ont sorti une arme à feu de type Carl Gustav et des couteaux, et ont tiré. Les photos de l'arme publiées par la police montrent un pistolet mitrailleur d'un modèle apparemment ancien. L'une des garde-frontières, Hadar Cohen, 19 ans, a succombé à ses blessures après avoir été transportée à l'hôpital avec une blessure par balle à la tête. Une autre garde-frontière a été modérément blessée. «Les autres garde-frontières ont réagi instantanément, ont tiré et neutralisé les terroristes», a rapporté la porte-parole de la police. Les agresseurs sont originaires de Qabatiya, au sud de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, territoire palestinien contigu à Israël et Jérusalem et occupé par Israël. Ils ont 19 et 20 ans selon les photos largement diffusées de leurs papiers. Les médias palestiniens les ont identifiés comme Ahmad Zakarneh, Mohammed Kamil et Ahmed Abou Al-Roub. Des artificiers ont désamorcé les engins explosifs qu'ils détenaient, a dit la police. Les États-Unis, alliés d'Israël, ont «condamné avec force» l'attaque, le département d'État jugeant qu'il n'y avait «aucune justification à ces attentats terroristes» et appelant à «une fin immédiate de la violence». Cet attentat est le dernier épisode en date de violences qui ont fait 164 morts palestiniens, 26 israéliens, un américain et un érythréen depuis le 1er octobre, selon un décompte de l'AFP. La majorité des Palestiniens tués sont des auteurs ou auteurs présumés d'attaques. Après avoir concentré une bonne partie des violences, Jérusalem n'avait plus connu en janvier que des attaques ou tentatives d'attaque sporadiques au couteau de la part de Palestiniens apparemment isolés. Le mouvement est spontané, s'accordent à dire les analystes. Il résulte, surtout dans la jeunesse, des vexations de l'occupation, de l'absence de toute perspective proche d'indépendance, des frustrations économiques et du discrédit des autorités palestiniennes. Les réseaux sociaux véhiculent la colère de la jeunesse. Les organisations structurées semblent pour l'instant être restées à l'écart, par choix ou par contrainte. Israël accuse les autorités et les médias palestiniens d'attiser la haine et de refuser l'existence de l'État d'Israël. Ses autorités s'inquiètent de voir des armes à feu être utilisées et les violences gagner jusqu'à l'intérieur des colonies de Cisjordanie. Un porte-parole du Hamas, Hossam Badran, a présenté l'attaque de mercredi comme une «opération héroïque», qui représente selon lui un «tournant» dans «l'intifada» en cours. Il n'a cependant pas revendiqué l'opération pour le Hamas, le mouvement islamiste qui dirige sans partage la bande de Gaza. Les tensions sont ranimées aussi du côté de la bande de Gaza, territoire palestinien hermétiquement clos et séparé de la Cisjordanie et de Jérusalem par le territoire israélien. La mort de membres de la branche armée du Hamas dans l'effondrement de tunnels a réveillé le spectre d'incursions hostiles en Israël.