Au bout du rouleau

22Août/16Off

Condamné puis innocenté

Les États-Unis ont l'an dernier reconnu l'innocence de 149 personnes injustement condamnées, un nombre record qui représente toutefois une «goutte d'eau» dans un océan de dizaines de milliers d'erreurs judiciaires, selon un rapport publié mercredi. Ces 149 déclarations d'innocence concernent des condamnés qui ont été emprisonnés sans raison durant 14 ans et demi en moyenne, a précisé dans son étude l'école de droit de l'université du Michigan. Parmi ces 149 cas, 58 concernent des prisonniers finalement blanchis d'homicide. Depuis 2011, le nombre de condamnés ainsi innocentés a plus que doublé. «Les déclarations d'innocence après révision d'un procès sont désormais courantes. Encore récemment, la moindre disculpation faisait les gros titres des journaux. Désormais il y en a environ trois par semaine et la plupart passent inaperçues», ont commenté les auteurs du rapport. L'étude vient confirmer que, dans le système pénal américain, l'aveu n'est pas la reine des preuves, ni le fait de plaider coupable, puisque de plus en plus de condamnés sont innocentés après avoir pourtant publiquement admis leur responsabilité. Deux tiers de ces 149 condamnés finalement disculpés sont issus de minorités ethniques et la moitié sont noirs, selon le rapport. Un total de 47 personnes ont été innocentées dans des affaires de drogue. Parmi les personnes blanchies en 2015 figure Lewis Fogle, un homme qui a passé 34 ans derrière les barreaux pour le viol et le meurtre d'une adolescente qu'il n'a jamais commis. M. Fogle avait été mis en cause, cinq ans après le crime, par un hypnotiseur amateur qui avait recueilli le témoignage - sous hypnose - d'un prisonnier. Lewis Fogle avait ensuite avoué sous la pression d'un interrogatoire policier. Durant 34 ans, sa femme a défendu son innocence. Les progrès enregistrés en matière de révision judiciaire «ne sont pour l'heure qu'une goutte d'eau dans la mer», a souligné le rapport. «Quelle que soit la façon de compter, il y a des dizaines de milliers d'erreurs judiciaires chaque année dans le pays». La sortie de ce rapport intervient alors que des millions d'Américains se passionnent pour le cas de Steven Avery, un homme qui a été incarcéré 18 ans pour une violente agression sexuelle qu'il n'a pas commise, avant d'être renvoyé derrière les barreaux pour un homicide dont il se dit également innocent. Cette affaire, objet d'une série documentaire intitulée Making a Murderer diffusée sur la plate-forme Netflix, est pour beaucoup l'illustration des failles du système pénal américain souvent accusé de favoriser une «justice de classe». Par ailleurs, selon un hasard du calendrier, ce mercredi a comparu à Baltimore un homme condamné pour le meurtre de son ancienne petite amie en 1999, un crime qui avait inspiré Serial, un podcast au succès mondial. Adnan Syed, 35 ans, a présenté un argumentaire demandant à être rejugé après avoir été condamné en février 2000 à la prison à vie pour le meurtre de son ancienne petite amie Hae Min Lee, une étudiante de 18 ans d'origine sud-coréenne.

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